Merci Michel.




Jamais la petite cale n'avait vu cela.

Toute colorée de ses petits pavés neufs,
Elle s'habituait depuis longtemps,
Au rythme régulier des alternances,
Des lumières du soleil et des ombres nocturnes.

Pourtant, un jour, tout avait été bousculé.
Crabes, poissons, moules, crevettes, couteaux,
Avaient aperçu de leurs rochers humides, quelque chose sur la cale.
Même l'huître Lucien, avaient entre ouvert sa coquille,
Pour regarder, sur le conseil de Jeanne l'araignée,
Ce qui se passait, là haut près de la cabane.  

Là haut ça remuait.
Là haut, des gens, pas les mêmes qu'un jour de juillet habituel,
Là haut.
"Ils"  venaient.

Les volets de la petite maison, en grinçant, laissaient entrer
Les chauds rayons d'un soleil d'après-midi.
Un parmi les "Ils" avait commencé par cela, ouvrir les volets.

Un homme faisait ça. Doucement, il faisait ça. Heureux de le faire,
Car faire ça, c'est quelque chose de magique, un évènement dans une vie.
Faire ça…on n'imagine pas l'importance de le faire.
On se dit, tiens je vais aller faire ça : ouvrir les volets de la petite maison. Comme ça. 
Comme on fait dans sa maison, quand on revient de vacances.

Et alors là, après avoir fait ça… quelques minutes après,
Il craque. L'homme craque. Tout revient.



Ce même lieu, très longtemps avant, du temps des premiers cueilleurs-pêcheurs,
Avec leurs bâtons pointus aux pointes durcies à la flamme.
Là, traquant le poisson isolé,
Dans la flaque grise  au gros rocher rouge,
La flaque avec le galet en forme de tête.

Incroyable, extraordinaire, c'est la même flaque qu'il y a 20 000 ans.

Alors l'homme actuel, l'homme présent, l'homme erectus,
Venu avec les autres "Ils" sur cette calme cale,
A tout compris !

Ouvrir les volets de la petite maison,
C'est retrouver le geste simple de ses aïeux.
Laissé le soleil jouer son rôle immuable.
Ouvrir c'est se prêter au partage, accepter l'autre sur son territoire.
C'est laisser cet homme des temps anciens venir pêcher,
Dans la petite flaque grise, sous la cale calme.

Là, maintenant,
Sur la cale où le soleil de juillet laisse glisser ses derniers rayons multicolores,
Je me pose sur la cale. Doucement. Je suis bien sur la petite cale.
"Ils" sont derrière. J'ai confiance. Is sont accueillants. Calmes sur leur cale.
"Ils" la partage et c'est bien, c'est beau, c'est les frissons.



                                                                Michel 16 juillet 012  





Commentaires